Pourquoi la livraison du courrier à domicile est-elle importante pour les femmes vivant en situation de handicap et les femmes Sourdes

Un photo de Carmela Hutchison, présidente, DAWN-RAFH Canada, et Denis Lemelin, président, STTP

Carmela Hutchison, présidente, DAWN-RAFH Canada, et Denis Lemelin, président, STTP

Le 16 octobre 2014, Carmela Hutchison, la présidente de DAWN-RAFH Canada a participé à une conférence de presse à Ottawa où elle déclarait que l’organisation se joingnait au Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des Postes (STTP) pour annoncer le dépôt d’une importante contestation judiciaire en lien avec la décision de Postes Canada d’abolir la livraison du courrier à domicile. Dans sa présentation, Madame Hutchison a exposé les raisons pour lesquelles DAWN-RAFH Canada est devenue une des parties plaideuses dans ce cas.

Voici un résumé de sa déclaration

DAWN-RAFH Canada est très heureux de faire partie de la coalition formée avec nos partenaires dans le cadre de cette importante affaire.

Les femmes vivant en situation de handicap de tout le Canada sont concernées et très préoccupées par la décision de POSTES CANADA d’abolir le service de livraison du courrier à domicile.

Il est de plus en plus évident que les femmes vivant en situation de handicap sont confrontées à un risque très élevé de vivre des situations de violence pour deux raisons : une parce qu’elles sont des femmes et l’autre parce qu’elles sont handicapées. Aussi, l’arrêt du service de livraison du courrier postal à domicile met les canadiens, et surtout les canadiennes vivant en situation de handicap, qui comptent sur ce service afin d’assurer leur sécurité personnelle, dans une position très à risque.

Pour les femmes vivant en situation de handicap, les risques sont reliés à deux réalités bien définies : l’une d’elles est le simple fait d’être des femmes et l’autre est liée à notre handicap.

La difficulté d’atteindre les boites de courrier, les chemins glacés en hiver ou difficile d’accès, la difficulté d’entendre quelqu’un arriver si l’on est sourd, l’incapacité de lire son numéro de boite de courrier à cause du handicap ou de faible vision : tout cela nous place dans une position vulnérable puisque nous sommes forcées de nous déplacer jusqu’aux boites de courrier où elles sont placées. Ces routines augmentent le risque pour nous d’être victimes de toute sorte d’abus.

Les femmes avec des handicaps plus sévères sont plus vulnérables car elles sont forcées de permettre à une tierce personne de chercher leur courrier.

En effet, une femme avait une personne de confiance car elle n’arrivait pas à aller chercher son courrier à cause de son handicap très sévère.

Le recours aux préposés ou aux membres de la famille peut être supposé comme étant la solution logique et le problème peut paraitre mineur. C’est tout sauf un problème mineur quand vous êtes une personne âgée ou une femme vivant en situation de handicap s’étant faite voler par une personne de confiance ou abusée financièrement. Il n’y a plus de vie privée quand d’autres personnes sont responsables de la cueillette de votre courrier.

Comme cette femme, qui vivait dans un espace avec une boite de courrier commune, avait des locataires qui avaient un mauvais comportement. S’étant absentée de son logement pendant quelques mois, elle a constaté à son retour que ses locataires avaient intercepté et altéré son courrier.

Les conditions économiques peuvent créer des situations à risque, et ce, parce que ces personnes, telle que notre dame citée, essaient d’améliorer leur situation financière en partageant leur domicile.

L’incapacité de pouvoir gérer et surveiller son courrier grâce à la livraison à domicile par exemple, peut augmenter le risque pour les femmes en situation de handicap.

De plus, les femmes en situation de handicap peuvent être la proie d’abuseurs ou de poursuivants. Les femmes ayant des maladies mentales telles que l’agoraphobie, la paranoïa ou le syndrome de stress post-traumatique peuvent trouver qu’il est impossible pour elles d’aller à la boite à courrier. Les femmes en situation de handicap épisodique peuvent avoir de la fatigue additionnelle ou de la douleur. Si elles sont blessées, elles peuvent devenir des femmes en situation de handicap permanent.

Les femmes en situation de handicap invisible, comme la dépression, les maladies cardiaques ou Bronchopneumopathie chronique obstructive, peuvent paraitre en santé alors qu’en réalité, elles sont dans l’incapacité de gérer leur quotidien.

La perte du service de livraison postale cause le bris d’un maillon important de la chaine de sécurité, et ce, parce que, les agents de poste qui livraient le courrier pouvaient, par exemple, noter à chacune de leur visite que leurs clientes sont absentes ou pouvaient voir qu’une personne est tombée ou blessée. Malheureusement, ces bons serviteurs publics ne seront plus.

 

En outre, l’introduction de « l’accommodement » est devenue un gros problème aussi bien pour les femmes en situation de handicap que le service postal. Doit-on mettre une affiche de handicap à la porte? Qui a approuvé cela? L’Association Canadienne de Médecine indique que ça ne sera pas le cas. Le paiement de ce genre de rapport peut être une barrière économique. Le nombre, la complexité et la fréquence des documents ont causé la perte de médecins pour des patients, dans une phase où il est difficile de trouver un médecin.

Les Municipalités ne veulent ni de boites aux lettres dans leurs boulevards ni leur maintenance. D’ailleurs, Poste Canada pourrait, dans certains cas, placer une boite de courrier à côté de la maison d’une femme, s’il n’y a pas de plaintes des voisins.

Il est incroyable de constater que, même si le Canada a ratifié la convention des Nations Unies en lien avec les droits des personnes en situation de handicap, nous observions toujours que certains droits sont bafoués : Article 4 (1:d) Les États Parties s’engagent à garantir et à promouvoir le plein exercice de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales de toutes les personnes handicapées sans discrimination d’aucune sorte fondée sur le handicap. À cette fin, ils s’engagent à :

(d) S’abstenir de tout acte et de toute pratique incompatible avec la présente Convention et veiller à ce que les pouvoirs publics et les institutions agissent conformément à la présente Convention;

Article 6 (Les États Parties reconnaissent que les femmes et les filles handicapées sont exposées à de multiples discriminations, et ils prennent les mesures voulues pour leur permettre de jouir pleinement et dans des conditions d’égalité de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales.), spécialement Article 9 (1 :b & 2 :a, b, d) (l’accessibilité), Article 19 (Autonomie de vie et inclusion dans la société), Article 21 (Liberté d’expression et d’opinion et accès à l’information) et Article 22(1) (Respect de la vie privée).

Si les services de livraisons sont discontinus, nous appuyons alors la position du Conseil des Canadiens avec Déficiences (CCD) qui préconise la diminution de la fréquence de la livraison à domicile.

Nous appelons le gouvernement du Canada à respecter son engagement envers les droits des femmes canadiennes en situation de handicap, comme stipulé dans la convention des droits des personnes en situation de handicap.

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